18 février 2018

On ne voyait que le bonheur (Grégoire Delacourt)

Résumé :
Antoine, la quarantaine, est expert en assurances.
Depuis longtemps, trop longtemps, il estime, indemnise la vie des autres. Une nuit, il s'intéresse à la sienne, se demande ce qu'elle vaut vraiment. Par une introspection sans concession, il nous entraîne au cœur de notre propre humanité, lui qui ne s'est jamais remis de son enfance, ballotté entre faux bonheurs et réelles tragédies.
Orchestré en trois mouvements, du nord de la France à la côte ouest du Mexique, On ne voyait que le bonheur explore aussi le pays de l'adolescence. Et montre que le pardon et la rédemption restent possibles en dépit de tout.

Mon avis :
NON. NON.
Le pardon et la rédemption mon cul ouais.
Je vous laisse chercher sur google toutes les affaires d'infanticides, ces "drames familiaux" (mon cul), quand des pères décident de tuer leurs enfants (et eux) parce qu'ils sont divorcés et/ou ont perdu leur boulot. Les infanticides et les violences intrafamiliales sont impardonnables.

Je suis horrifiée par ce bouquin. La fin m'a mise dans une colère noire comme jamais.
Antoine vit une enfance de merde. Ses parents s'aiment moyen moyen et ne savent pas l'aimer non plus. Il grandit sans amour, sans modèle. Il n'a que sa petite sœur, qu'il chérit et chouchoute. Ils resteront proches, soudés comme jamais, toute leur vie.
Antoine rencontre Nathalie. Ils s'aiment, se marient, font un enfant, se déchirent, recollent les morceaux. Et se séparent.
Puis il perd son boulot.
C'est trop pour Antoine. Il a absolument tout raté dans sa vie.
Alors il prend un flingue. Et après avoir passé la meilleure journée de leur vie ensemble, le soir, il décide de tuer ses enfants et se suicider ensuite. Pour que plus personne ne souffre (et la mère des gosses, on s'en branle ?).
Rien que ça, ça me fout dans une colère noire. Non, quand notre vie est ratée, on ne flingue pas des innocents avec nous. Tes gosses n'ont rien demandé, ils ont peut être encore envie de vivre. Ta vie est merdique ? Suicide toi tout seul, sans tes gosses.

Antoine nous raconte sa vie, son enfance, ses parents, les drames qui ont traversé le temps. C'est terrible. Aucun gamin ne devrait vivre ça. Les divorces, les parents absents et handicapés des sentiments, la mort.
Inconsciemment Antoine a répété le schéma. Il n'a vécu que ça alors il reproduit le seul modèle. Les silences, les mots d'amour qui ne sortent pas, la séparation.
Évidemment j'ai eu de la peine pour lui. Personne ne devrait être malheureux, aucun enfant ne devrait souffrir.

Joséphine, l'adolescente survivante à la mâchoire à moitié éclatée, nous raconte son expérience. On est son psy, elle réapprend à parler, pour mieux cracher sa haine envers Le Chien. Elle se demande pourquoi il a voulu la tuer (hé oui.), qu'est ce qu'elle a pu faire pour mériter ça.

Le pire dans ce roman, c'est que l'écriture de Grégoire Delacourt est magnifique, poétique. Mais je suis révoltée par ce bouquin.
A quel moment on décide de romantiser les violences intrafamiliales ? A quel moment on pardonne la tentative de meurtre ? A quel moment on s'offre une seconde chance, une nouvelle famille, à l'autre bout du monde après avoir tenté de tuer son enfant parce que NOTRE vie est pourrie ? Mais crève, seul et en prison, ouais !

J'ai vu l'été dernier la pièce au festival d'Avignon, adaptée et jouée par Grégori Baquet. J'ai trouvé la mise en scène et le jeu sublimes. Mais la fin m'avait déjà mise hors de moi. Je savais que le livre me mettrais en colère. Mais je l'ai lu quand même, justement parce que je l'ai vu sur scène, et je voulais comprendre, j'avais la curiosité de l'écriture.

Je vous laisse méditer sur une phrase de la postface de l'auteur : "Il est, ce livre, un lien d'amour vers tous ceux qui [...], comme dans mille faits divers, entraînent dans leur peine ceux qu'ils aiment le plus"
C'est à ce moment là que j'ai regretté de ne pas avoir de cheminée.

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