31 mars 2018

Défaillances (B.A. Paris)

Résumé :
Cassandra est mariée depuis un an avec Matthew, et leur bonheur semble sans nuages. Jusqu'à ce qu'un orage, un soir, pousse Cass à emprunter une route qu'elle n'aurait jamais dû prendre, à travers la foret. Trop isolée, trop sombre, trop dangereuse.
Tellement dangereuse, d'ailleurs, que lorsqu'elle dépasse une voiture immobilisée sur le bord de la chaussée, Cass choisit de ne pas s'arrêter pour proposer son aide à la femme qui se trouve à l'intérieur.
Mais lorsqu'elle apprend, le lendemain, que la femme a été retrouvée sauvagement assassiné, Cass est assaillie par la culpabilité. Et les coups de fil anonymes qu'elle reçoit désormais chez elle transforment ses angoisses en terreur. Elle en est persuadée : quelqu'un l'a vue, ce soir-là. Quelqu'un qui continue de l'observer. Quelqu'un qui pourrait bien être l'assassin.
Pourtant ni Matthew, ni Rachel, sa meilleure amie, ne prennent ses craintes au sérieux. Et Cass elle-même commence à douter : comment être sûre de quoi que ce soit alors qu'elle perd chaque jour un peu plus la mémoire, oubliant le code de l'alarme, sa place de parking, ce landau qu'elle a commandé même si elle n'a pas d'enfant, et que peut bien faire dans sa cuisine ce couteau ensanglanté qu'elle ne reconnaît pas.

Mon avis :
Avouez. Vous aussi, en lisant ce résumé, vous vous êtes dit "tiens, ça ressemble quand même beaucoup à Juste une ombre de Giebel" ?
Bin voilà.
Pendant une bonne moitié de l'histoire je n'ai pas pu m'empêcher de faire le lien. Du coup ça a gâché un peu une partie de ma lecture.
B.A. Paris a tout de même un style qui accroche, qui donne furieusement envie de continuer. Alors je me suis sifflé ce livre, sans rien voir passer.
J'avais clairement deviné un ou deux petits détails mais c'était en fait l'évidence même pour qui a l'habitude de lire des polars.

Et puis plus j'avançais dans ma lecture, plus j'avais envie d'arriver à la fin, malgré mes craintes ou déceptions. Je voulais savoir comment tout allait être mis à jour, comment on allait découvrir le coupable et la vérité.
Et bien je n'ai pas été déçue par la fin, clairement.
Je suis ravie d'avoir persisté jusqu'au bout, malgré l'envie d'arrêter à plusieurs reprises.
J'ai adoré la fin, j'ai beaucoup aimé Cassandra. Sa plongée dans la démence, ses doutes, ses peurs, sa solitude. Seule contre tous pour découvrir qui la harcèle, qui lui pourrit la vie. Et pourquoi, surtout.

Du coup ça a été une très bonne lecture, malgré la ressemblance avec l'oeuvre de Karine Giebel.
Indépendamment, je pense que Défaillances est un très très bon bouquin. On reconnait bien le style de Derrière les portes. Si on a aimé l'un, on aimera l'autre.

13 mars 2018

Entre mes lèvres mon clitoris (Alexandra Hubin & Caroline Michel)

Résumé :
Alexandra Hubin et Caroline Michel lèvent le voile sur le clitoris, organe-clé du plaisir féminin qui a longtemps été refoulé. En libérant la parole et en le montrant tel qu'il est, elles désacralisent cet organe mystérieux et permettent à chaque femme (mais aussi à chaque homme) de se familiariser avec lui afin de mieux l'apprivoiser.
Saviez-vous que le clitoris peut mesurer jusqu'à 11 centimètres ? Et que le fameux point G s'appelle en fait la "zone C" ? Les révélations s'égrènent au fil des pages et vous permettent de découvrir cet organe synonyme de jouissance qui ne demande qu'à être aimé.

Mon avis :
Virage à 180° pour cet article.
Pas de polar, pas de thriller, pas de sang (ou à peine).
Il se trouve que je suis une femme cis, que j'ai eu un clito offert à la gestation, et qu'il me sert à peu près régulièrement. Et que je l'aime (j'en ai un, autant faire avec, hein).

Les réactions que j'ai reçues sur les réseaux sociaux quand j'ai parlé de cette lecture n'ont démontré qu'une chose : l'immense importance de ce livre. Il faut continuer à parler clito, menstrues et plaisir féminin. Tout le temps, tous les jours, à tout le monde.
Vous voulez un échantillon ?



J'ai aussi eu un commentaire que je n'ai pas eu le temps d'enregistrer (la personne qui l'a posté l'a apparemment supprimé. Madame, il faut assumer hein) :
"je fais peut être partie de la catégorie des chanceuses qui n'ont pas besoin de le lire ni de les mettre entre les mains de leurs hommes" Ce à quoi j'ai répondu qu'elle devrait, on apprend plein de choses.
"Franchement je n'ai pas de soucis de ce côté là"...

"Ça manque de pudeur". "Le titre est bizarre". Ok mais un livre qui parle de clitoris, faut le titrer comment pour pas choquer les prudes ?
Genre on parle de clito/du sexe féminin juste pour faire le buzz ?
Non. On parle (de plus en plus) du sexe et du plaisir féminins parce qu'il le faut ! Notre sexe et notre plaisirs sont les grands oubliés de l'humanité alors que la verge on la connaît par cœur depuis 200 000 ans. (Je vous suggère d'aller voir ce top qui n'est pas bien vieux mais pourtant totalement obsolète. C'est triste non, de voir que la verge on la connaît par cœur, alors que le clito on découvre encore des trucs en 5 ans, au 21eme siècle).

Cet essai, co-écrit par deux professionnelles du clito (je vous aime ♥) est une mine d'or.
En le refermant j'ai conclu que je savais déjà pas mal de choses. Parce que le clito (et ce qui l'entoure) m'intéresse évidemment, et donc je n'ai pas attendu ce petit livre pour découvrir des trucs de mon coté.
Mais ce n'est pas important.
Les auteures retracent rapidement l'histoire du clito.
Très longtemps oublié, rapidement étudié pendant quelques années puis remisé au placard pour quelques siècles, il a fallu attendre la seconde moitié du 20eme siècle pour commencer à prendre notre clitoris au sérieux. 1950. Rendez vous compte ! Alors, à quel moment, toi, en tant que femme non-professionnelle, tu penses tout connaître de ce petit organe-pas-si-petit ? On ne peut pas prétendre le connaître juste parce qu'on le repere vite fait pour se titiller le gland avec un doigt ou deux quand on s'emmerde un jour de pluie.
Je rappelle que la première représentation réelle et intégrale du clitoris dans les manuels scolaires de SVT date de... 2017. De cette année scolaire, donc. (moi, ma 4eme ça remonte à 23 ans... imagine les découvertes depuis !). Et encore, je dis "les manuels sco", mais il n'y en a qu'un.

Bref, notre sexologue et notre journaliste sexo retrace l'histoire du clito. A quel moment on a découvert son existence. Pourquoi on l'a vénéré pour mieux le rejeter ensuite. C'est que t'imagines pas comme ça a été difficile pour les hommes d'admettre que les femmes n'ont pas besoin d'eux pour jouir. On est sexuellement totalement indépendantes, nous. Alors on zappe le clito, on n'en parle plus, on l'ignore, on l'excise même, tiens, pour bien rabaisser la femelle.
Mais la femme est une petite rebelle, elle veut s'approprier son corps (et le plaisir qui va avec), et donc le connaître. Alors on l'étudie, on expérimente, on observe. (Marie Bonaparte, merci.)

Pourquoi la femme a un clitoris, cet organe qui n'a pour seul et unique intérêt de nous procurer du plaisir ? Il ne sert à rien d'autre qu'à ça. C'est le seul de tout le corps humain. Et c'est tombé sur nous, petites chanceuses que nous sommes.
Comment remettre le clito sur le devant de la scène ? Cet organe a clairement son importance dans notre plaisir, et donc notre sexualité et notre épanouissement. Mais dire/écrire "clitoris" choque encore aujourd'hui. La sexualité féminine est encore tabou, en 2018 bordel !
Femmes, assumez le ! Assumez vous ! Gardez votre petit canard dans votre sac à mains et tant pis si des inconnu.e.s le voient ! Oui on a le droit à la super-jouissance bon dieu de merde !
Oui la femme a un pénis, oui la femme bande ! (désolée les mecs, même pour ça vous n'avez pas le monopole). La libération des femmes (cis) passe par le clitoris.

J'ai quand même appris pas mal de trucs. Plutôt du coté découverte scientifique. Comment on a découvert son anatomie complète, qui, quelles ont été les études faites, comment, et surtout à quelle époque.

Cet essai est une mine d'or. A mettre clairement entre toutes les mains. Les personnes qui ont un clitoris, les personnes qui aiment les clitoris. Toi, ton mari, ta femme, ta fille, ton fils, ton frère, tes potes, tes parents.
Ce livre est quand même pas mal hétérocentré, on parle énormément de rapports sexuels femme-homme, mais finalement comme le sujet est le clitoris, peu importe, puisque la pénétration n'entre que peu en compte.

Bon, maintenant que j'ai fini de le lire, permettez, maintenant c'est au tour de mon mari.
2018, année du clit. Free the clitoris !

Je remercie infiniment mais tellement fort fort Babelio et les éditions Eyrolles pour m'avoir permis cette lecture. Et évidemment les auteures, Alexandra Hubin et Caroline Michel, pour leur travail, leurs recherches, et d'avoir osé parler clito.

11 mars 2018

Madame Edouard (Nadine Monfils)

Résumé :
Une maille à l'endroit... Une maille à l'envers... Depuis qu'il a cessé de fumer, le commissaire Léon s'adonne en cachette au tricot et confectionne des paletots ringards pour son chien Babelutte. Seulement voilà, ces temps-ci, il s'en passe de belles à Montmartre. Entre Irma, le travelo ménagère du Colibri, le curé qui pique dans les magasins et l'autre cinglé qui enterre des jeunes filles mutilées dans les cimetières, la police a du pain sur la planche.
De fil en aiguille, le commissaire Léon dénoue les intrigues de cette histoire rocambolesque.

Mon fils :
Holala mais chaque fois je mets un temps fou entre deux romans de Nadine Monfils, c'est aussi terrible que con.
Parce que Nadine Monfils, je l'adore. J'adore la femme, j'adore ses histoires totalement loufoques et ses personnages complètement barrés. C'est drôle, brut, parfois un peu vulgaire, mais tellement génial.
Madame Edouard, c'est un travesti totalement farfelu. Iel retrouve par hasard sa fille, dont iel s'était éloigné.e à cause de son identité de genre. La peur au ventre de ne pas être accepté.e, finalement Madame Edouard et Marie s'adorent et deviennent complices, comme s'iels n'avaient jamais été séparé.e.s
A coté de ça, dans les cimetières parisiens, près des tombes de célèbres peintres, des cadavres sont retrouvés de manière hasardeuses par des passants. Des jeunes femmes. Avec un avant bras en moins.
Pourquoi ? Hormis leur fin super cheloue, qu'est ce qui peut lier toutes ces victimes qui n'ont apparemment absolument aucun point commun ?
Avec le commissaire qui galère pour tricoter, tout le temps interrompu par son équipe, en y ajoutant le chien fou qui rogne tous les os qu'il trouve (pratique, dans un cimetière), on se demande comment tout ce petit monde va s'en sortir.

Et puis finalement le mobile est hyper recherché, j'ai ""adoré"" la raison pour laquelle ces jeunes femmes sont tuées. Ça mène à réfléchir. C'était presque beau.

Encore une fois, j'ai passé un excellent moment avec Nadine Monfils, j'ai adoré, vraiment. Elle arrive à rendre ses personnages tellement attachants, cabossés par la vie. C'est touchant.

6 mars 2018

Persuasion (Jane Austen)

Résumé :
Anne a vingt-sept ans. Elle est la seconde fille de Sir Walter Elliot, un baronnet veuf et orgueilleux. Sa mère, une femme intelligente, est morte quatorze ans auparavant.
Anne a une sœur aînée, Elizabeth, aussi vaniteuse que leur père et une sœur cadette Mary, qui a épousé Charles Musgrove de Uppercross Hall, l'héritier d'un gentilhomme des environs.
Restée célibataire, sans personne dans son entourage qui soit digne de son esprit raffiné, Anne est en passe de devenir une vieille fille ...
Pourtant à l'âge de 19 ans, Anne Elliot était tombée amoureuse de Frederick Wentworth, un jeune officier de marine, ambitieux, mais pauvre, sans relations, et à l'avenir incertain. Elle s'était alors laissée persuader par son amie Lady Russel de rompre leurs fiançailles; cette dernière lui ayant expliqué que ce jeune homme n'était pas un parti digne d'elle.
Après les guerres napoléoniennes, ayant acquis un rang et de la richesse, Frederick Wentworth revient en Angleterre pour s'y établir et fonder une famille. ll courtise une des sœurs de Charles Musgrove, Louisa.
De son côté Anne reçoit les attentions de son cousin William Elliot.
Anne Elliot et Frederick Wentworth se retrouvent a évoluer dans les mêmes cercles, mais encore une fois, le bonheur semble leur échapper...

Mon avis :
J'ai longtemps voulu lire Austen. Je ne suis pas franchement branchée classique, mais c'est une période historique que j'aime beaucoup.
Et bien je crois que pour découvrir l'auteure, j'aurais du tenter un autre de ses romans.
L'écriture et le style sont sublimes. J'ai beaucoup aimé l'histoire.
Mais j'ai eu un mal fou à rentrer dedans. J'ai mis du temps à le lire et pourtant il n'est pas bien épais.
J'ai absolument rien pigé, il y a trop de personnages, j'ai passé mon temps à tout mélanger, à me rappeler qui est qui.
Je comprends totalement que ce bouquin soit adoré par énormément de lectrices, mais alors il est clairement pas pour moi.
Dommage.

2 mars 2018

Métaphysique des tubes (Amélie Nothomb)

Résumé :
Parce qu'elle ne bouge pas et ne pleure pas, se bornant à quelques fonctions essentielles - déglutition, digestion, excrétion -, ses parents l'ont surnommée la Plante.
L'intéressée se considère plutôt, à ce stade, comme un tube. Mais ce tube, c'est Dieu.
Le lecteur comprendra vite pourquoi, et apprendra aussi que la vie de Dieu n'est pas éternelle, même au pays du Soleil levant...

Mon avis :
Amélie Nothomb me fascine. Définitivement.
C'est une brillante conteuse. Avec ses mots, son personnage, elle peut raconter ce qu'elle veut, ce sera divin.
Là, elle nous raconte ses souvenirs d'enfance, de 0 à 3 ans, à peu près. Les parents qui vénèrent leur petit bébé. Sa vie au Japon, la culture qu'elle découvre. Les poissons. Ses parents.
Elle raconte le monde qu'elle voyait à travers ses yeux d'enfants, ce qu'elle ne comprenait pas, ce qui n'avait aucun sens selon elle.
J'ai vraiment passé un excellent moment. Son rapport à l'eau et aux carpes, j'ai adoré. Et sa gouvernante, qu'elle aimait tant. Son admiration pour sa grande soeur, ses rapports difficiles avec son grand frère.

Un roman aussi court que bon. J'ai adoré